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La féminité

La féminité en ce début de 21ème siècle en Occident

 

Être née femme au XXème siècle dans ce monde occidental, est un défi. Ce qui semble caractériser la sensibilité féminine est une certaine douceur, arrondir les angles, la recherche de l’harmonie et de la conciliation, l’envie de soigner les blessures et de les guérir par l’amour, une attention bienveillante, ainsi qu’un raisonnement intuitif. Ces qualités qui protègent la vie et la font s’épanouir a toutefois sa polarité contraire : cette capacité a donné la vie, peut se retourner en capacité à détruire en profondeur. Là où l’homme va attaquer un aspect, la femme de nature plus entière pourrait comme faire descendre aux enfers celui qui met en elle toute sa confiance indûment : la toute-puissance féminine doit être contrecarrée par la fonction paternelle primaire bienveillante pour que l’enfant amorce le processus de séparation-individuation indispensable à la socialisation, à la symbolisation et aux apprentissages.

Être femme est donc une grande responsabilité, avec un pouvoir d’amener dans la lumière ou de faire descendre aux enfers. C’est la puissance féminine.

De la mère suffisamment bonne selon l’expression consacrée de Winicott, dépendra l’équilibre des enfants. Sinon, comme le souligne Aldo Naouri dans son livre « Les filles et leurs mères », « Entre les filles et leurs mères circule une violence d’autant plus terrifiante qu’elle est bien souvent ignorée (…) Elle traduit le pouvoir que, par-delà les années, toutes les mères gardent sur leurs filles, influant ainsi sur leurs relations avec leurs partenaires comme avec leurs enfants, pesant sur leur histoire toute entière. L’amour maternel a son envers : la tentation de la recherche du double idéal pour les mères ; la violence et la pression pour les filles, empêchées d’être elles-mêmes…» « Les mères sont toutes-puissantes. Les enfants ne s’en remettent pas toujours. La Vie. »

Cette sensibilité féminine, en tout cas sous sa facette la plus noble, de force intérieure, d’écoute et d’empathie, peut être présente chez une femme ou chez un homme, à la différence près qu’au niveau du corps physiologiquement et symboliquement, la femme saigne chaque mois, alors que l’homme pour s’ouvrir à plus grand que lui, tel un noyau dont la carapace se fend pour germer aura à connaître une blessure profonde pour fendre l’armure égotique. Cette phrase est mon interprétation synthétique résumée du livre « divine blessure de Jacqueline Kelen ». Elle y fait référence à de nombreux héros issus de la culture occidentale, tel Ulysse, blessé à la chasse, à la hanche par un sanglier, et c’est cette blessure qui le fait reconnaître par sa nourrice, à son retour à Ithaque.

Ainsi, le chemin de retour à la patrie lumineuse d’où nous venons, monde d’amour et de lumière n’emprunte pas la même logique que nous soyons né femme ou homme.

Bien que naissant avec une sensibilité particulière, il y a d’après mon expérience de vie, un combat à mener par le biais des valeurs masculines afin d’atteindre son féminin sacré ou pourrait-on encore l’appeler son féminin précieux (près des cieux), autrement dit d’incarner la mère suffisamment bonne, l’archétype de la femme sage ou de la sage-femme qui emprunte la voie du milieu et qui se retrouve dans la conscience divine, d’où elle peut œuvrer avec justice en ce monde.

C’est ce qui fait dire à Simone de Beauvoir : «  On ne naît pas femme, on le devient ».

Dans ce monde occidental, largement qualifié par une histoire de guerre dans le but d’appropriation et de domination, il ne faut pas croire qu’au XXIème siècle, cela ait disparu. C’est plus que jamais d’actualité mais beaucoup plus pernicieux car  l’assujettissement se fait par la séduction, via le matraquage publicitaire : par la captation de notre conscience à des visées utilitaires au détriment de la construction de notre intégrité autrement dit de notre intériorité, seule porte de salut dans ce monde de la matière où tout est paradoxe.

Car rappelons-nous, le Christ le mentionne : le royaume de Dieu est au milieu de vous (au-dedans de vous) (Evangile de Luc 17:21).

Mais ce monde intérieur en reflet du monde extérieur peut sembler incohérent ou fantasmagorique à l’image de la caverne de Platon où l’on ne voit que des ombres se projeter sur la paroi d’une caverne, vers laquelle notre regard est tourné.

Nous avons la noble tâche dans ce précieux corps humain qui nous est offert en vue d’une grande libération d’en devenir Maître en s’ordonnant sous l’influence de l’esprit. Les indiens d’Amérique parlent du Grand Esprit qui anime toute vie. De même, dans notre monde intérieur, l’esprit régit notre corps harmonieusement. Encore faut-il y prêter attention, le ressentir sous forme d’intuition, d’être connecté à sa profondeur, et d’accepter de se mettre sous son influence car l’homme et la femme ont été créés libres de leurs choix. C’est une liberté à double tranchant car ainsi l’homme peut courir à sa perte, et perdre le chemin de la lumière, s’égarer dans ce monde duel (comme exemple de dualité prenons la présence du jour et de la nuit, en contraste). Dans ce monde des extrêmes, la voie du milieu, voie des sages n’est pas toujours suivie car elle est exigeante et requiert beaucoup de sacrifices aux détriments de plaisirs immédiats.  Elle provient d’une aspiration plus lointaine à un monde où tout est ordre et lumière, autrement dit à un monde d’amour.

Pour que la fille accède dans sa maturation à son féminin sacré, plusieurs conditions sont nécessaires : d’abord un puissant désir ou une intuition profonde que ce domaine d’amour existe toujours, ensuite le développement des vertus cardinales : force, tempérance, prudence, justice, dignes d’un chevalier afin de protéger sa sensibilité féminine. Un homme sous forme de mari peut dans la vie concrète incarner ses belles qualités et ainsi permettre le déploiement des aptitudes et capacité féminine de haut vol ou bien en bénéficiant d’une éducation digne de ce nom qui l’ouvre au Savoir à la manière de Hildegarde de Bingen, moniale au XIIème siècle :  Hildegarde de Bingen est considérée comme la première naturaliste d’Allemagne. Elle est aussi médecin, son double don de voyance et de guérisseuse en fait l’une des plus renommées de son temps. Sa médecine combine des éléments savants de grands auteurs, et des ressources locales de médecine populaire.

Elle est le joyau éclairant ce monde, protégée par son chevalier (intérieur) attestant de la générosité bienheureuse de la vie.

Le féminin sacré ne peut éclore qu’en présence du masculin sacré car loin d’être opposés, ils sont complémentaires*. Car dans cette vie soit l’on reste dans le paradoxe régit par le diabole, le diable, celui qui divise ou bien l’on vise le symbole, celui qui unit.

Il faut bien évidemment une vision et un cœur plus large pour le second.

Notre monde occidental se prête merveilleusement bien au travail des vertus, tant il est exigeant, mais prenez courage un monde de symboles s’ouvre devant vous comme le disait Charles Baudelaire « La Nature est un temple où de vivants piliers – Laissent parfois sortir de confuses paroles ;- L’homme y passe à travers des forêts de symboles – Qui l’observent avec des regards familiers (Les Fleurs du Mal 1857).

Je terminerai par deux expériences concrètes : une balade nocturne et des naissances au cœur de la nuit.

Si la nuit avec la lune représente le côté féminin dans de nombreuses cultures, nous pouvons essayer de comprendre l’attitude de la civilisation occidentale moderne vis-à-vis de la nuit, nous comprendrons ainsi mieux le défi à relever pour que la femme atteigne son plein épanouissement,  nécessaire pour la préservation de la vie, aujourd’hui menacée.

Une expérience concrète : en nous rendant au Domaine de Montauger (près d’Evry en Essonne), lors d’une balade nocturne guidée par un spécialiste en environnement, il nous a expliqué les effets de la pollution lumineuse sur de nombreuses espèces : le fait que les villes soient éclairées la nuit empêche la reproduction de certaines espèces, cela entraîne de nombreuses conséquences qui rompent l’équilibre nécessaire à la vie.

Ce fait est représentatif d’une lumière artificielle au cœur de la nuit. C’est là l’enjeu à mon avis du problème de la destruction de la Terre, du respect des lois naturelles repose l’équilibre du monde :

La sensibilité féminine ne peut plus atteindre sa profondeur : elle est en permanence parasiter par des émergences artificielles, entraînant un déséquilibre avec une trop grande importance de la sensibilité masculine propice à contrôler (Qui exige de pouvoir voir même la nuit).

Un exemple personnel : j’ai accouché de mes enfants au milieu de la nuit, loin du feu des projecteurs, de la manière la plus naturelle qui soit, devant tenir tête au personnel soignant pour accoucher sans péridurale et sans déclenchement……

La vie nous veut du bien et les épreuves sont là pour nous affermir dans notre foi, sachez que vous serez éprouvés à la hauteur de votre courage et que la vie opère avec la précision d’un chirurgien. Elle mettra devant vous l’épreuve dont vous avez besoin pour votre progression. Gardez votre esprit ouvert, en cherchant à comprendre le sens de vos expériences de vie, vous accéderez à la vie symbolique où les synchronicités seront les lumières de votre chemin.

Et la femme devient tout feu, tout flamme.

 

Et rappelons-nous, les conditions pour être une femme entière sont juste empêchées*, elles peuvent à tout moment émerger car à cœur vaillant, rien d’impossible, selon le dicton de la sagesse populaire.

*Elles ne peuvent pas être détruites car elles sont intrinsèques (à l’intérieur).

En effet, les lumières artificielles s’éteindront et la nuit sera de nouveau profonde : nous pourrons y voir briller les étoiles, et ainsi selon la formule d’Hermès Trismégiste inscrite dans la Table d’Emeraude : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas », les étoiles dans le ciel salueront les étoiles de mer et le monde sera redevenu transparent à la conscience humaine enfin retournée dans la conscience divine, signe d’un parfait équilibre masculin/féminin, faisant lien entre la terre et le ciel.

Le XXIème siècle a éminemment besoin du féminin sacré.

*De l’union du masculin sacré et du féminin sacré naît un fruit : le discernement, qui est un fruit de l’esprit. Le discernement, signe d’un psychisme équilibré en lien avec les lois cosmiques du Vivant, permet l’émergence d’un monde de paix et d’abondance.